Le sport sur ordonnance
Marseille décernée capitale du sport en 2017 ! La ville a tout compris. Mais c’est aussi au niveau national qu’un élan se met en place avec le décrêt n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 concernant la thérapie par le sport.
Le sport apporte de nombreux bienfaits, à la fois sur la santé physique mais aussi sur la santé mentale.
C’est ce que nous prouvent diverses études : la santé c’est la vie, le mouvement. Avec le nouveau décret applicable dès mars 2017, les médecins se concertent de plus en plus : le sport sur ordonnance c’est maintenant.
J’ai eu l’occasion d’assister au colloque de Sport Med V le 28 janvier à l’Hôpital Saint-Joseph. Les divers intervenants ont évoqué l’activité physique comme une priorité de santé publique, en démontrant ces effets notamment dans les affections longues durée, indications concernées par le décrêt de mars 2017.
Or, les médecins affirment encore une certaine frilosité générale à prescrire du sport aux personnes souffrant d’ALD. Mais, les exposés du colloque ont montré tous les intérêts à proposer une activité physique adaptée, même aux personnes les plus fragiles.
Comme l’a souligné le Dr Ferrero au colloque ce 28 janvier, pensons à la notion de perte de chance si on ne propose pas d’activité physique au patient !
Le décrêt de mars 2017
Le texte de loi parle volontairement et de manière générale “d’activité physique”. Il concernera maladies chroniques et affections longue durée (les trente maladies déterminées par la sécurité sociale + deux).
Sur prescription du médecin, un professionnel du sport sera amené à évaluer les capacités physiques du patient. Puis à lui proposer un accompagnement adapté.
Quels professionnels seront concernés?
– Pour les patients avec limitations sévères, l’accompagnement se fera obligatoirement par un kinésithérapeute, un ergothérapeute ou un psychomotricien. Mais, non pas dans le cadre d’un acte de rééducation, mais pour une pratique d’activité physique encadrée.
– Pour les autres personnes, un professionnel de STAPS filière APA interviendra.
L’activité sera ainsi adaptée au risque médical.
Pour l’instant, aucun financement n’est prévu par le décrêt.
Vous pouvez le télécharger ici.
Sport et cardiologie
Quand on parle de faire du sport, de quel type d’activité parlons-nous? Les médecins recommandent d’exercer une activité légère à modérée. Au delà, apparaît à 50% un risque d’infarctus chez les moins de 35 ans.
Les bienfaits sur la santé sont évidents. Une étude taïwannaise a révélé que la mortalité baissait de 35% avec l’activité physique, quelle que soit la catégorie des patients.
Le sport apporte de nombreux bienfaits. D’ailleurs, le simple fait de marcher diminuer le LDL cholestérol de 5%.
Par ailleurs, l’OMS recommande de faire 150 minutes d’activité physique modérée par semaine.
Vous pouvez vous référer aux règles d’or de la FFCardiologie sport :
Sport et cancer
Le sport a un impact biologique sur la vascularisation des tumeurs et le système immunitaire. Les effets sont démontrés quelque soit le niveau d’avancée du cancer.
J’ai été très sensibilisée à la présentation de l’association Sourire à la vie. Cette association accueille 150 enfants dans son Phare des sourires à l’Estaque. On y trouve des activités dynamisantes et vivifiantes pour ces enfants, qui obtiennent un très bon taux de rémission.
Les ateliers proposés s’apparentent à ce que l’on peut effectuer en psychomotricité : relaxation, préparation mentale, expression corporelle, divers jeux de (re)mise en mouvement corporelle…
Lors du colloque du Sport Med, le Dr Perrier et M. Richaud ont aussi démontré les bénéfices de l’activité physique sportive auprès des adultes atteints du cancer. Soit, une amélioration sur :
– l’image corporelle
– le sommeil
– l’humeur
– une diminution de consommation des médicaments
– et une diminution de 36% d’asthénie y compris sur un traitement lourd.
La thérapie par le sport en rhumato/orthopédie
L’arthrose est une maladie qui évolue lentement, et qui n’est pas forcément due à l’âge. Elle provoque une douleur et une raideur ainsi que des poussées inflammatoires.
Le sport, qui soumet l’articulation à rude épreuve, permet à contrario un effet important. Car le cartilage ne peut se reconstruire que s’il y a activité, c’est-à-dire si on sollicite l’articulation.
Attention toutefois aux excès sportifs chez les enfants avant la puberté, aux traumatismes pouvant être provoqués par le sport et à certaines anomalies anatomiques.
Ainsi, l’activité physique régulière SANS excès est bénéfique et conseillée.
Le sport et la santé mentale
Diverses études ont prouvé l’impact positif de l’activité physique, et notamment de l’activité physique modérée. Par la production de sérotonine, mais pas uniquement, le sport apporte divers bienfaits. Les effets portent sur l’image de soi, sur l’image du corps, mais aussi sur la diminution de la dépression et de l’anxiété…
Et en gériatrie…
Le vieillissement n’est pas une maladie. Mais, rappelons qu’il a évidemment des effets sur l’organisme :
– sur le métabolisme, il y a une diminution de la masse maigre en parallèle d’une augmentation proportionnelle de la masse grasse ;
– au niveau cardio-vasculaire, une modification anatomique du coeur et des artères amène à une augmentation du risque d’hypertension artérielle.
– sur l’appareil respiratoire, il y a une diminution de la capacité respiratoire ;
– sur le système nerveux : une diminution des neurones corticaux, régression de la substance blanche ainsi qu’une diminution des performances mnésique. Aussi, le temps de réaction est plus important pour les fonctions sensori-motrices ;
– sur les organes sensoriels : au niveau de la vision, apparition de presbytie, cataracte ou encore DMLA… Et sur l’oreille interne, une presbyvestibulie ou encore une presbyaccousie.
– Enfin, l’appareil locomoteur est aussi touché avec une diminution de la densité musculaire, une sarcopénie, une raréfication osseuse, etc…
Tout en sachant évidemment que les effets varient d’un individu à l’autre, et d’un organe à l’autre.
Ainsi, plusieurs types de vieillissement émanent : d’un vieillissement réussi, au vieillissement normal au pathologique. Plusieurs préconisations interviennent pour prévenir et conserver le plus possible ses capacités.
Le maintien d’une activité physique fait partie des stratégies du Bien Vieillir, amenant à :
- une augmentation de la force musculaire, permettant une réduction de la sarcopénie ;
- un maintien ou une amélioration des fonctions d’équilibration ;
- une diminution de la tension artérielle ;
- un ralentissement du vieillissement cérébral et du déclin cognitif ;
- une augmentation en oxygène pour les poumons ;
- Et bien sur, un impact sur le moral…
En conclusion
Exercer une activité physique regorge d’effets positifs, quelque soit la personne, son âge, son organisme ou sa pathologie… Mais à chaque maladie sa pratique adaptée.
Les professionnels de la santé ne devraient plus douter de l’efficacité de l’activité physique, ni d’éventuelles contre-indications au sport. En apportant une prise en charge adaptée auprès d’un professionnel formé, le patient devrait pouvoir remettre en mouvement son corps… mais aussi son esprit.
En pratique, comment cela pourrait se dérouler en psychomotricité ?
Après une évaluation claire des besoins de la personne mais aussi et surtout de ses goûts, l’accompagnement porte sur tout un panel d’activité physique. Avec, comme médiations pouvant être utilisées :
- danse et expression corporelle ;
- gymnastique douce, taï chi, yoga ;
- parcours, jeux d’équilibre ;
- conscience corporelle, relaxation, toucher-massage…
Ainsi, vous avez quelques pistes qui vous invitent à exercer une activité physique. Pour penser à sa santé, à soi. Le tout est aussi et surtout de prendre du plaisir !
Sportivement votre !
Anaïs Madrennes