Le handicap est caractérisé selon la loi 2005 comme suit : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Il existe une certaine distinction entre les termes de handicap (qui se rapporte plus à une incapacité) et le terme déficience qui se rapproche d’un dysfonctionnement, d’une difficulté.
Qu’il soit physique, intellectuel, sensoriel ou encore dû à un syndrome en particulier, le handicap peut être accompagné en psychomotricité. Selon les difficultés propres à la personne, le psychomotricien va travailler sur ses besoins afin de potentialiser ses capacités et favoriser son autonomie.
Les médiations thérapeutiques utilisées sont très diversifiées et adaptées au sujet. Il s’agit d’outils que le psychomotricien adapte en fonction de la personne et de l’objectif du soin. Par exemple : danse, yoga, balnéothérapie, relaxation, musique, mime, toucher thérapeutique…
Voici ci-dessous un bref aperçu de l’intervention du psychomotricien au travers différents handicaps.
Déficience intellectuelle
Caractérisée par un QI inférieur à la moyenne de la population générale (soit <70), la déficience intellectuelle altère le fonctionnement adaptatif dans le secteur de la communication, des relations sociales et amène à des limitations concernant les apprentissages, l’autonomie, les responsabilités, la santé, ou encore la sécurité.
L’INSERM définit la déficience intellectuelle comme : « La capacité sensiblement réduite de comprendre une information nouvelle ou complexe et d’apprendre et d’appliquer de nouvelles compétences (trouble de l’intelligence). Il s’ensuit une aptitude diminuée à faire face à toute situation de manière indépendante (trouble du fonctionnement social), un phénomène qui commence avant l’âge adulte et exerce un effet durable sur le développement».
Les principales difficultés relevées sont pour :
• mémoriser des informations
• se repérer dans le temps et dans l’espace
• fixer son attention,
• manipuler des objets avec précision,
• comprendre les règles de communications,
• intégrer les codes sociaux.
Ainsi, le sujet présente une altération globale de ses capacités qui se répercutent sur son quotidien, sa vie sociale et affective. Il n’y a pas de “guérison” possible pour la déficience intellectuelle, mais un accompagnement et un environnement favorable permettront de mieux faire face aux difficultés.
Une stimulation psychomotrice apportera un soutien nécessaire aux problématiques propres de chacun. Soit pour travailler le repérage dans l’espace, soutenir les apprentissages scolaires ou sociaux, améliorer la motricité fine ou globale, ou encore, soutenir la conscience corporelle, l’image du corps, permettre de mieux gérer les émotions, etc…
Handicap moteur
Qu’il soit d’origine génétique ou bien acquis, le handicap moteur touche à la globalité de la personne.
Une citation issue de cet article résume le travail du psychomotricien dans le domaine du handicap moteur et du polyhandicap.
Le psychomotricien intervient à un stade précoce chez l’enfant présentant un retard psychomoteur. Il cherche à améliorer la prise de conscience du corps, la coordination, l’orientation temporo-spatiale, le rythme gestuel, la latéralisation. Les exercices qu’il propose sollicitent ainsi la motricité globale, l’équilibre, la coordination des mouvements, la cadence, la coordination visuo-gestuelle. Les techniques de relaxation sont également utilisées, pour percevoir le schéma corporel, la contraction et la décontraction musculaire.
Handicap sensoriel
Déficience visuelle
La personne déficiente visuelle ou aveugle (cécité totale) est impactée dans son quotidien. Surtout lorsque le sujet perd la vue, subitement ou progressivement, tous ses repères diminuent. Il faut alors (ré)apprendre à vivre quasiment normalement, à s’orienter, se déplacer. Les ergothérapeutes sont d’un grand soutien pour adapter les outils, avec la technologie actuelle très utile pour pallier certaines difficultés. Comme les instructeurs en locomotion, qui permettent d’apprendre à manier la canne, à se repérer et réaliser des trajets en autonomie.
Quant à la psychomotricité, son rôle est d’accompagner au mieux selon les diverses difficultés. Dont quelques exemples d’objectifs :
- Permettre de reprendre confiance en soi et dans son corps ;
- Chez le tout-petit, favoriser l’exploration et la structuration de l’espace, stimuler les fonctions motrices et les déplacements. En effet, le bébé aveugle a tendance à ne pas passer par le quatre pattes, favorisant le déplacement sur les fesses pour explorer son environnement avec ses mains. Ce qui peut avoir certaines conséquences.
- Aider à s’orienter et à se déplacer : via un travail sur la compensation des sens restants, trouver des stratégies afin de se repérer dans l’espace et gagner en autonomie.
- Améliorer l’équilibre : puisque les fonctions d’équilibration sont en partie régies par le système visuel, l’équilibre se fragilise suite à une perte visuelle. Le psychomotricien propose un travail proprioceptif, tonico-postural mais aussi un accompagnement sur la peur de chuter. Afin de développer un meilleur équilibre et surmonter ses craintes.
Déficience auditive
On distingue la surdité, perte complète ou profonde de la capacité auditive (d’une ou des deux oreilles) de la déficience auditive, qui correspond à une perte auditive moyenne à sévère, unilatérale ou bilatérale. L’atteinte peut être légère, modérée, ou sévère, selon la perte auditive en décibels (dB). La surdité est bien un handicap, et M-H Herzog rapporte que c’est « un handicap lourd parce que le langage qui est touché n’est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un vecteur de développement intellectuel, symbolique et social » (1995, p.11).
La personne sourde ne nécessite pas forcément un accompagnement en psychomotricité. Sauf si elle a certains besoins :
- Au niveau du tonus : la personne sourde peut se révéler d’autant plus dans une attitude hypertonique. Ce qui peut conduire à certaines douleurs, et tensions. En effet, l’audition ne peut pas alarmer le sujet sourd, celui-ci est plus souvent « sur le qui-vive ». Aussi, il est souvent angoissé par un manque de communication et d’information. M-H Herzog relate : « le tonus est souvent affecté, l’enfant sourd ne sait pas l’ajuster, réduire sa tonicité c’est se perdre, perdre sa force » (1995, p.38). Le psychomotricien peut proposer des exercices d’ajustement tonique comme de la relaxation.
- L’équilibre est plus souvent touché dans la surdité : car c’est dans l’oreille interne que se situent les centres de l’équilibre, l’appareil vestibulaire. Le sujet sourd peut compenser les difficultés d’équilibration en stabilisant son regard et sa posture.
- Le repérage dans l’environnement est parfois complexe : la personne sourde ne peut se fier aux bruits de l’environnement, ou ceux produits par ses propres mouvements. L’enfant entendant se dirige vers un bruit, cherche sa source et structure alors son environnement. L’organisation et la structuration spatiale ne se font donc pas de la même manière : par le corps vécu. Aussi, la difficulté à percevoir un rythme retentit sur l’apprentissage scolaire et notamment la lecture.
- Pour la latéralité, il est constaté qu’un enfant déficient auditif est souvent moins nettement latéralisé qu’un enfant entendant.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter les articles en lien avec l’actualité et le handicap.