Comment faire apprécier le graphisme aux enfants
Retard de graphisme ?
De nombreuses indications en psychomotricité se portent sur le graphisme. Un bilan est recommandé lorsque l’enfant montre des difficultés, une écriture illisible, lente ou douloureuse… Le bilan permet de vérifier s’il ne s’agit pas d’une dysgraphie*, d’un trouble de la motricité fine, d’un éventuel retard, d’un trouble visuo-spatial… Mais parfois, les enfants se sentent en difficulté sans pour autant présenter de retard à quelque niveau psychomoteur, tout simplement écrire leur coûte trop d’effort, l’apprentissage leur est difficile et désagréable.
Ainsi il se peut que les enfants subissent trop de pression. L’école a parfois des attentes bien trop élevées pour tout sujet lambda, en lui demandant d’écrire mieux, avec une certaine rapidité d’exécution et tout en gérant plusieurs informations !
Nous voulons toujours aller plus vite, demander aux enfants d’être plus performants. Or, nous ne pouvons pas accélérer des processus neuro-physiologiques. Car jusqu’à 6 ans la latéralité n’est pas encore installée de manière tout à fait définitive, certains enfants cherchent encore leur main dominante quand l’école maternelle leur demande de choisir. Puis lorsque l’enfant entre en CP, le processus d’apprentissage de l’écriture s’enclenche mais il est loin d’être terminé, le geste peu automatisé, on insiste plus. Apprendre à écrire demande beaucoup d’efforts aux enfants, cet apprentissage met du temps. Les minots peuvent alors rapidement se sentir submergés !
Enfants submergés, écriture délaissée…
De plus, nous vivons dans une société qui délaisse de plus en plus l’écriture au détriment de l’ordinateur, des tablettes, textos… Certains enfants sont tellement peu habitués à voir leurs parents écrire, que manipuler la tablette leur est plus naturel. De plus nous savons combien les enfants apprennent par imitation. L’environnement est la première source de stimulations. Alors si on souhaite les encourager à écrire, c’est quelque chose qu’il convient aussi de faire devant eux! Vous pouvez faire participer votre enfant à vous aider à écrire la liste de courses, noter un pense-bête ou écrire de jolies cartes d’invitation pour son anniversaire…autant de “trucs” du quotidien qui faciliteront l’apprentissage et le désir d’écrire.
Car, avec toute la pression exercée sur ces petits, écrire devient rapidement une corvée. Alors qu’on devrait les encourager au plaisir !
La conquête du plaisir à écrire
Rien de tel que jouer pour faire apprécier le graphisme et autres activités manuelles. Voici quelques idées…
→ Varier les supports : écrire dans le sable, dans du riz, dessiner avec un stylo 3D… Vous pouvez jouer sur les sensations, sur les effets… En psychomotricité, on travaille même parfois le graphisme avec de la mousse à raser ! Nous pouvons nous amuser avec les lettres quelque soit la matière. L’important, c’est tout simplement de s’amuser, mais aussi l’occasion d’expérimenter le geste, travailler ses doigts, le sens du tracé des lettres…
→ Développer le sens créatif : et si vous demandiez à votre enfant de participer à la décoration de la maison ? Vous pouvez le solliciter pour un dessin, ou encore créer un coin d’art où il pourra exposer toutes ses oeuvres. L’essentiel est de valoriser ses créations. Cela l’encourage à laisser une trace, ce qui peut parfois relever d’une difficulté psycho-affective.
Lorsque l’enfant n’investit vraiment que très peu le dessin ou le graphisme, des outils existent sur internet. Par exemple, ce joli modèle de lapin pop-art qu’il suffit d’imprimer. L’enfant dessine les poils du lapin, découpe et colle les lunettes, le tout sur une feuille colorée par ses soins… Un effet art moderne qui plaît à tous.
http://www.nafeusemagazine.com/Dessiner-un-lapin-graphisme-modeles-et-gabarits_a1472.html
Internet est une mine d’or.
Vous trouverez de nombreux modèles à compléter à l’aide de tracés, vagues, arabesques… ce qui permet à l’enfant de renouer avec les pré-scripturaux. Vous pouvez aussi fouiller à la recherche de tutos de techniques de dessin, permettant par exemple d’apprendre à facilement dessiner certains animaux…
→ Faire ses propres cartes de voeux : une activité qui permet de donner sens au graphisme. Tout matériel peut être utilisé, gommettes, paillettes, différentes variétés de peintures, de tissus, à découper et à coller… ce qui va stimuler à la fois la créativité, la motricité fine, la dextérité manuelle. Mais aussi, comme le précise cette psychomotricienne sur son site, cette activité sollicite le plaisir et une revalorisation. L’enfant prend plaisir à donner ou envoyer la carte et en reçoit la gratification en retour !
Par ailleurs dans son article (cliquez ici) on découvre en tuto spécial la confection de cartes de voeux. Laissez parler la créativité de votre enfant, tout est possible !
→ S’appuyer sur la pédagogie Montessori. Certes devenue très à la mode, la pédagogie Montessori de base est très intéressante. Commencez par lire L’Enfant et lancez-vous! Il existe de nombreux blogs sur le sujet, qui donnent des outils pour fabriquer soi-même son matériel, des idées d’activités et leur application.
Un lien parmi tant d’autres, que j’apprécie beaucoup : http://mercimontessori.blogspot.fr
→ Utiliser le sens proprioceptif. Tout simplement, écrire/dessiner dans le dos ou dans la main, explorer des lettres en relief, dessiner les yeux fermés… permet à la fois de se centrer sur ses ressentis et la représentation mentale du tracé.
Ce jeu de société, Mirogolo© permet de dessiner via ce principe de manière très ludique, à l’aide de lunettes déformantes.
Pour conclure…
Vous l’aurez compris, faire apprécier le graphisme signifie avant tout retrouver du plaisir, abaisser la pression et aider votre enfant à prendre confiance !
Même pour certains ayant un retard de l’écriture, en psychomotricité nous travaillons essentiellement via le jeu. Surtout, n’oubliez pas qu’un trouble de l’écriture n’est jamais isolé, le rééducateur veillera à travailler en amont sur le problème spécifique de l’enfant : repasser par des bases motrices, des ressentis corporels ou encore de la gestion du tonus…
Le dessin, le graphisme, les activités manuelles, de motricité fine… peuvent être abordés par tellement d’outils ludiques, qu’il suffit de fouiller un peu à la recherche d’idées créatives. L’idée étant bien évidemment pour tout parent de passer un moment agréable avec son enfant.
Merci pour votre lecture, amusez-vous !
Dysgraphie* : s’agissant d’un trouble des apprentissages, je précise qu’un diagnostic ne peut être posé avant 7 ans voire en CE2. Nous avons toujours tendance à vouloir poser des mots très rapidement : trouble, pathologie. Et si nous pouvions éviter le plus possible de coller des étiquettes? L’enfant se sent encore plus en difficulté lorsqu’on l’enferme dans une case. Il a certes de réelles difficultés, il a d’autant plus besoin d’être valorisé et accompagné. Tout en sachant pertinemment qu’un diagnostic posé à bon escient permet une meilleure prise en soin par la suite. Veillez simplement aux mots que vous utilisez devant les enfants. Surtout, attention aux diagnostics trop hâtifs !